M. Cardinal habite dans le quartier Sandwich, dans l’ouest de Windsor, mais il travaille de l’autre côté du chemin Huron Church, plus à l’est.
Nous étions au milieu du blocage avec les inconvénients qui vont avec
, confie-t-il.
Ce sont surtout les déplacements qui sont devenus compliqués parce que si les manifestants ont bloqué les lieux du 7 au 13 février, il a fallu attendre le 12 mars pour que tout revienne à la normale, la police ayant fermé les rues transversales et les points d’accès aux stationnements le long du chemin Huron Church entre de l’autoroute E.C. Row et le pont Ambassador pendant plusieurs semaines.
[Le problème] ce n’était pas juste la fermeture des rues à proximité, mais il y avait aussi beaucoup de congestion. Nous devions faire des détours de plus en plus importants pour nous rendre de l’autre côté du chemin Huron Church
, explique-t-il.
Un an après les événements, Mike Cardinal a toujours l’impression d’avoir été pris en otage par les manifestants.
Ce qui était ironique, c’est qu’ils manifestaient contre les mesures de restriction et ils en imposaient de façon arbitraire aux autres citoyens sans raison
, analyse-t-il.
« C’était tout à fait injuste que leurs convictions antivaccination aillent à l’encontre de notre propre liberté de mouvement. »
Une lecture que fait également Frazier Fathers qui se souvient que dès que les protestataires ont pris la rue, ils ont presque imposé un verrouillage du quartier
.
Je voulais simplement pouvoir promener mon chien dans le quartier sans avoir à me préoccuper de ce qui se passait […], mais quelques rues plus loin, et il y avait des voitures de police partout et ce genre de choses, vous savez
, se souvient M. Fathers.
« Cela a clairement perturbé ma vie. »
Bien qu’il soutienne le droit de manifester, M. Fathers pense qu’il y a des limites, et il aurait souhaité que la zone soit évacuée plus rapidement qu’elle ne l’a été.
Des commerçants qui reprennent le dessus
Fred Bouzide est propriétaire d’une épicerie sur le chemin Huron Church. Il garde un goût amer des événements de février et de mars 2022.
Ce sont les fermetures imposées par la police qui ont surtout perturbé ses activités.
C’était pénible, c’était stressant. Le jour où ils ont fermé Huron Church, je devais aller à Détroit à 4 h du matin. Quand je suis allé à mon magasin, il était tout bloqué. Quand j’ai voulu monter en direction du pont, tout était fermé
, se souvient-il.
Il dit avoir perdu des milliers de dollars en quelques jours.
C’était la Saint-Valentin et c’est notre jour le plus important de l’année pour vendre des roses et les gens ne pouvaient pas aller jusqu’au magasin
, raconte-t-il avec émotion, même un an après les événements.
« La plupart de nos produits sont périssables, donc on a perdu pas mal d’argent. »
L’accès à son magasin était possible par la rue arrière, mais la circulation était telle que de peu de clients prenaient le temps de s’arrêter, se rappelle-t-il.
À l’époque, M. Bouzide avait affirmé que son entreprise avait jeté environ 5000 $ de fleurs. Il estimait avoir perdu entre 35 000 $ et 40 000 $ de chiffre d’affaires. Comme d’autres entrepreneurs, il a reçu certains dédommagements.
En avril 2022, le gouvernement fédéral a débloqué une enveloppe de 2,5 millions de dollars pour les entreprises touchées par les perturbations. Environ 240 entreprises pouvaient faire une demande de fonds d’un maximum de 10 000 $ chacune pour des coûts non couverts par d’autres programmes fédéraux.
Ces 10 000 $ ont juste sans doute couvert mes pertes de la Saint-Valentin
, explique M. Bouzide. C’est mieux que rien, mais pour prouver vos pertes, c’est trop difficile. Ça m’aurait coûté une fortune.
« Je suis content de ce qu’on a eu, les affaires ont repris. Je ne me plains pas trop. »
Les entreprises concernées ont aussi pu bénéficier de l’appui de l’organisme Invest Windsor-Essex. Selon son PDG , Stephen McKenzie, 65 commerces se sont partagé environ 500 000 $ pour couvrir leurs pertes, mais aussi pour améliorer leur système de sécurité, notamment.
Nous avons commencé à aider les commerçants sur Huron Church et on a regardé les rues transversales pour ceux qui avaient pu être touchés
, explique M. McKenzie.
Une expérience à ne pas revivre
Un an plus tard, Fred Bouzide regrette de ne pas avoir pu servir ses clients au cours de cette période et parle encore de la crainte de les avoir perdus.
Cela n’en prend pas beaucoup pour perdre des clients. Ils ont été obligés d’aller ailleurs, ils auraient pu ne pas revenir et ça, c’est ce qui me dérange le plus
, constate-t-il.
Il espère ne jamais avoir à repasser à travers un tel scénario.
J’espère que cela ne se reproduira jamais. Je ne pense pas que ça va se reproduire. Je pense que le gouvernement interviendra beaucoup plus tôt qu’il ne l’a fait la dernière fois
, dit-il avec conviction.
Pour sa part, Mike Cardinal souhaite aux manifestants qui continuent de se rassembler – lors des déplacements du premier ministre Justin Trudeau ou dernièrement à Windsor, pour souligner le premier anniversaire du blocage du pont Ambassador – de passer à autre chose. Il préfère leur tendre la main.
Sur cette question, nous n’avons sans doute rien en commun, mais nous avons beaucoup à partager pour le futur
, conclut-il.
Avec des informations d’Anne-Marie Trickey et de CBC
Un an après le blocage du pont Ambassador : juste un mauvais souvenir by