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Un an plus tard, le blocage du pont Ambassador continue de nuire à la réputation du Canada

by | Feb 7, 2023 | Uncategorized


Un manifestant brandit un drapeau sur une voie d'accès au pont Ambassador.

Un manifestant au blocage du pont Ambassador à Windsor (Photo d’archives)

Photo :  (Evan Mitsui/CBC) / Evan Mitsui

Le blocage du pont Ambassador à Windsor a commencé le 7 février 2022. Quelques jours plus tard, le 11 février, la Cour supérieure de l’Ontario a accordé une injonction interlocutoire à l’industrie automobile pour mettre fin au blocage.

La police de Windsor a ensuite dégagé les manifestants le 13 février. Le lendemain marquait la reprise complète de la circulation sur ce lien transfrontalier crucial entre le Canada et les États-Unis.

Ce blocage n’a donc duré que six jours.

Des policiers à Windsor font face à des manifestants qui refusent de quitter les lieux.

Les personnes qui se trouvaient dans la zone de manifestation risquaient d’être arrêtées. La police de Windsor leur conseillait de quitter les lieux. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Nouemsi Njiké

Mais les conséquences se font toujours sentir, surtout dans le secteur automobile.

Pour nous, les pertes s’élevaient à environ 300 000 $ pendant le blocage, et nous sommes une petite entreprise, lance Jonathon Azzopardi, le président de Laval International à Windsor.

« Pendant le blocage, des entreprises prenaient des décisions qui avaient le potentiel d’être des sources de revenus pour les 5 à 10 prochaines années. Et plusieurs des investissements sont restés aux États-Unis. »

— Une citation de  Jonathon Azzopardi, président de Laval International

Ce fabricant de pièces automobiles indique que ses opérations ont repris depuis. Ce qui perdure, selon lui, c’est plutôt l’impact sur la réputation du Canada à l’international.

Notre réputation ne sera plus jamais la même. Plusieurs entreprises américaines se demandent pourquoi s’installer au Canada quand on peut le faire aux États-Unis pour presque le même prix, dit-il. C’est une étiquette qui va rester, surtout puisque cette histoire a fait les manchettes à l’international.

Jonathon Azzopardi est le président du fabricant de pièces automobile Laval International à Windsor.

Jonathon Azzopardi est le président du fabricant de pièces automobile Laval International à Windsor.

Photo : CBC

Le président de l’Association canadienne des manufacturiers de pièces automobiles, Flavio Volpe, fait écho au propos de M. Azzopardi.

Le blocage du pont Ambassador a envoyé un message à l’international qui dit : ”Si des gens avec rien de mieux à faire peuvent arrêter l’industrie la plus importante en Amérique du Nord, peut-être nous ne devrions pas faire confiance à la chaîne d’approvisionnement canadienne”, lance-t-il.

Notre défi est le suivant : quand les entreprises automobiles prennent leurs décisions stratégiques pour déterminer où s’établir où investir, certaines d’entre elles se disent peut-être que le Canada et Windsor plus particulièrement ne sont pas un endroit fiable, explique-t-il.

Le pont Ambassador.

Le pont Ambassador en janvier 2023.

Photo : Radio-Canada / Anne-Marie Trickey

Flavio Volpe indique aussi que la nouvelle usine de batteries de LG Energy Solution et de Stellantis à Windsor a plus de comptes à rendre depuis le blocage.

Nous devons leur donner des rapports, qui incluent un rapport de la Municipalité de Windsor, puisqu’elle gère les forces de l’ordre. Ce n’était jamais le cas avant, constate M. Volpe.

Une réputation aussi importante localement

Bien que la réputation du Canada ait été ternie par le blocage du pont Ambassador, ces effets se font aussi sentir au niveau local, selon le président de la Chambre des commerces de Windsor-Essex, Rakesh Naidu.

La région de Windsor-Essex est une partie intégrale de la chaîne d’approvisionnement, surtout dans le secteur automobile. Le blocus a menacé les relations entre les fabricants et fournisseurs des deux côtés de la frontière et a laissé des doutes dans l’esprit des Américains, explique-t-il.

Rakesh Naidu est le président de la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex.

Rakesh Naidu est le président de la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex.

Photo : Radio-Canada / Anne-Marie Trickey

Le président de la chambre de commerce indique que la région compte plus de 1000 compagnies manufacturières et près de 90 % d’entre elles exportent leurs produits aux États-Unis.

Un an après le blocage du pont, qui est le lien terrestre le plus achalandé entre le Canada et les États-Unis, M. Naidu admet pourtant que les entreprises sont un peu moins nerveuses.

Les compagnies comprennent que c’était une situation ponctuelle, mais elles demandent quand même ce qui a été fait pour éviter que cela se reproduise, explique-t-il. Il faut souvent prendre le temps pour les rassurer.

Rakesh Naidu ajoute que le secteur automobile a toujours été très intégré entre Windsor et Détroit, et c’est toujours le cas aujourd’hui, malgré les conséquences du blocage.

Éviter une autre crise

Selon Marta Leardi-Anderson, la directrice du Cross Border Institute à l’Université de Windsor, certaines voix américaines s’élevaient pendant le blocage pour contester la nécessité d’avoir un secteur manufacturier automobile aussi intégré dans la région de Windsor et Détroit.

Mais la conversation sur la chaîne d’approvisionnement a depuis évolué, selon la chercheuse.

L’accent est maintenant plutôt sur la sécurité de la chaîne d’approvisionnement à l’échelle nord-américaine, surtout en raison des événements politiques autour du monde, comme la guerre en Ukraine, explique Mme Leardi-Anderson.

« Le Canada et les États-Unis sont intimement liés par le secteur automobile dans la région de Windsor et Détroit. Ce n’est pas réellement envisageable de les séparer. »

— Une citation de  Marta Leardi-Anderson, directrice du Cross Border Institute

La chercheuse ajoute que le nouveau pont international Gordie-Howe, qui doit être terminé d’ici 2024, aidera à réduire la portée de tels événements à l’avenir.

Marta Leardi-Anderson est la directrice du Cross Border Institute à l’Université de Windsor.

Marta Leardi-Anderson est la directrice du Cross Border Institute à l’Université de Windsor.

Photo : Cross Border Institute

Avec le nouveau pont, l’infrastructure offerte pour traverser de Windsor à Détroit va permettre d’atténuer l’impact d’événements comme le blocage de l’an dernier, si jamais cela se reproduit, explique-t-elle.

De son côté, le gouvernement provincial a adopté en avril 2022 une loi qui protège les liens transfrontaliers contre de telles manifestations à l’avenir. Cela permet maintenant aux corps policiers d’intervenir rapidement dès qu’une perturbation met en jeu les liens commerciaux à la frontière.



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