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Soirée destinée au public noir : un choix controversé pour le Centre national des Arts

by | Feb 1, 2023 | Uncategorized


Le CNA doit présenter, pour neuf soirs, une pièce intitulée Is God Is, une comédie tragique et sombre qui relate la quête meurtrière de deux jumelles. Cette présentation, dont tous les acteurs sont noirs, s’inscrit dans la programmation du Mois de l’histoire des Noirs.

C’est la représentation du 17 février qui a fait beaucoup jaser sur les médias sociaux. Sur la version anglaise de son site Internet, le CNA écrivait d’abord : La soirée de représentation d’Is God Is accueillera un public entièrement composé de personnes s’identifiant comme noires.

Le texte a depuis été remplacé par : La soirée de représentation accueillera un auditoire noir (traduction libre). Ce changement n’est pas passé inaperçu. Sur Twitter, on a accusé le CNA de racisme et de ségrégation raciale.

Face à ces critiques, l’établissement a affirmé que cette modification s’inscrivait dans un processus évolutif qui se voulait inclusif. Bien que cette représentation soit bel et bien destinée aux auditeurs noirs, tout le monde est bienvenu, insiste Kondwani Mwase, le directeur général à la mobilisation des auditoires au CNA.

« Le message pour nous, c’est que vous êtes tous les bienvenus. »

— Une citation de  Kondwani Mwase, directeur général à la mobilisation des auditoires au CNA
Kondwani Mwase, directeur général à la mobilisation des auditoires au CNA.

Le but n’est pas d’exclure une communauté, c’est le contraire, souligne Kondwani Mwase.

Photo : Radio-Canada

En entrevue, M. Mwase explique que cette représentation a été sélectionnée pour permettre aux membres des communautés noires de participer à une discussion à la fin de la pièce. On souhaite créer un espace sécuritaire et accueillant dans lequel les spectateurs se sentiront à l’aise de faire part de leur expérience et de poser leurs questions.

Une initiative critiquée

La pertinence des lieux de discussion auprès des communautés minoritaires n’est pas remise en cause. Mais selon le professeur titulaire au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) Ndiaga Loum, ce genre d’initiative comporte des risques.

Avec le recul, je pense qu’il sera difficile de justifier l’organisation de ce genre d’événement public, en apparence destiné à une catégorie raciale, sans prêter le flanc à la critique, soutient-il.

Indépendamment du contexte du Mois de l’histoire de Noirs, M. Loum estime qu’il aurait été plus pertinent de se montrer ouvert aux autres, étant donné qu’il s’agit d’une corde sensible.

« Tout est une question de perception, d’où l’importance de communiquer en avance pour bien expliquer la tenue de ce genre d’événement. »

— Une citation de  Ndiaga Loum, professeur titulaire au Département des sciences sociales de l’UQO

Pallina Michelot, une artiste afro-québécoise d’origine haïtienne et directrice générale de l’agence On est là, abonde dans le même sens.

Cette dernière n’est pas tout à fait d’accord avec l’initiative du CNA, puisqu’elle donne l’impression, selon elle, qu’on empêche certains groupes d’assister à une représentation. Mme Michelot juge qu’en ne ciblant qu’une partie de la population, on limite la portée des discussions.

« Je pense que tout le monde doit participer à cette discussion. Ces enjeux ne concernent pas seulement les personnes racisées.  »

— Une citation de  Pallina Michelot, artiste Afro-Québécoise d’origine haïtienne et dg de l’agence On est là

Elle souligne aussi qu’il faut créer des occasions pour que les communautés minoritaires puissent s’exprimer librement.

Fausse controverse, selon un organisme

César Ndéma-Moussa, le président de Racines et culture Canada considère pour sa part que l’initiative du CNA est une bonne idée. C’est une fausse controverse, lance-t-il en entrevue.

Ce n’est pas du tout une initiative qui exclut les autres communautés puisque huit représentations sur neuf, la grande majorité, sont ouvertes à des personnes non noires , explique-t-il. On vit toujours dans un monde où la suprématie blanche est bien visible, notamment en culture.

Un homme portant des lunettes de soleil et un béret derrière un micro

César Ndéma-Moussa, président de Racines et culture Canada. (Archives)

Photo : Radio-Canada / André Dalencour

À son avis, on n’a pas affaire à un exemple de ségrégation ou de racisme. Ce dernier établit d’ailleurs un parallèle avec les centres d’entraînement exclusifs aux femmes.

Est-ce qu’on voit des hommes aller faire des manifestations pour forcer la fermeture de ces centres d’entraînement , se demande-t-il.

M. Ndéma-Moussa souligne qu’il existe plusieurs activités destinées à un groupe en particulier. Il cite en exemple des classes réservées aux aînés.

Avec les informations de Camille Kasisi-Monet et de Rémi Authier



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